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Quel pays a créé le karaté ? Origines et histoire du karaté

Le karaté, ce sport que vous voyez aux Jeux Olympiques, que vos enfants pratiquent après l’école, ou que vous avez essayé une fois en vidéo à la maison… il ne vient pas du Japon, comme beaucoup le pensent. Il vient d’une petite île perdue dans la mer de Chine orientale : Okinawa. Et cette île, ce n’est pas le Japon. Du moins, pas encore.

Le karaté, c’est d’abord un art okinawais

Avant d’être appelé « karaté », ce système de combat s’appelait « tōde » - en okinawais, « main de China » - parce qu’il était fortement influencé par les arts martiaux chinois, notamment ceux des moines du temple de Shaolin. Mais c’est sur l’île d’Okinawa, au XVIIe siècle, que ces techniques ont été adaptées, transformées, et intégrées à la culture locale.

À l’époque, Okinawa était le royaume de Ryūkyū, indépendant du Japon. Les seigneurs locaux avaient interdit les armes aux paysans pour éviter les révoltes. Alors les gens ont appris à se défendre avec leurs mains, leurs pieds, leurs bâtons, leurs faucilles… et leurs outils agricoles. C’est ainsi que sont nés les kata, ces séries de mouvements codifiés, et que s’est développé un système de combat sans armes, efficace, brutal, et profondément spirituel.

Le Japon n’a pas créé le karaté - il l’a exporté

En 1879, le Japon a annexé le royaume de Ryūkyū et en a fait la préfecture d’Okinawa. C’est à ce moment-là que les maîtres okinawais ont commencé à enseigner leur art sur le continent japonais. Gichin Funakoshi, un professeur d’école okinawais, est devenu le premier à présenter le karaté au Japon en 1917. Il a changé le nom : de « tōde » à « karaté », en remplaçant le kanji pour « China » par celui pour « vide » - pour évoquer la philosophie du vide intérieur, mais aussi pour rendre l’art plus acceptable aux Japonais.

Le Japon n’a pas inventé le karaté. Il l’a pris, l’a structuré, l’a mis dans les écoles, l’a uniformisé, et l’a présenté au monde comme un « art japonais ». C’est pour ça que beaucoup croient encore qu’il vient du Japon. Mais les racines, elles, sont okinawaises.

Gichin Funakoshi enseigne le karaté dans un dojo de Shuri Castle, un maître okinawais observe en silence.

La culture d’Okinawa, le cœur du karaté

À Okinawa, le karaté n’est pas qu’un sport. C’est une tradition familiale. Les anciens le transmettent encore dans les maisons, souvent sans uniforme, sans ceintures colorées, sans compétitions. Les kata sont appris comme des chants - chaque mouvement raconte une histoire, une technique de défense contre un agresseur armé, une façon de canaliser son énergie.

Les styles les plus anciens - Shōrin-ryū, Gojū-ryū, Uechi-ryū - sont tous nés là-bas. Gojū-ryū, par exemple, a été fondé par Chōjun Miyagi, un Okinawan qui a voyagé en Chine pour étudier les arts martiaux et est revenu pour fusionner le souffle et la force. Son style, encore pratiqué aujourd’hui, mélange des mouvements doux et des frappes brutales. Ce n’est pas une invention japonaise. C’est une sagesse okinawaise.

Les différences entre karaté okinawais et karaté japonais

Si vous allez dans un dojo à Tokyo, vous verrez des élèves qui se saluent avec précision, qui frappent en rythme, qui suivent un programme standardisé pour passer les ceintures. À Okinawa, vous trouverez des vieillards qui pratiquent seuls dans leur jardin, qui ne comptent pas les répétitions, et qui disent : « Ce n’est pas pour gagner, c’est pour survivre. »

Le karaté japonais, développé après la Seconde Guerre mondiale, est devenu un sport. Il a des règles, des points, des compétitions, des ceintures blanches à noires. Le karaté okinawais, lui, reste un art de survie. Il n’y a pas de compétition de « kumite » dans les villages. Il y a des kata, des exercices de respiration, des techniques de blocage contre des couteaux, des bâtons, des attaques surprises.

Les Japonais ont rendu le karaté accessible. Les Okinawais l’ont rendu vivant.

Comparaison entre un athlète olympique et une grand-mère okinawaise enseignant le kata à un enfant à la maison.

Le karaté aujourd’hui : qui en est le vrai héritier ?

En 2025, le karaté est un sport olympique. Les médailles sont remportées par des Japonais, des Français, des Égyptiens. Mais les maîtres les plus respectés, ceux qui enseignent les formes les plus anciennes, vivent encore à Okinawa. Le Shuri Castle, autrefois la résidence royale, abrite encore des dojo secrets. Les familles qui ont gardé les kata originaux n’ont jamais voulu les enregistrer. Elles les transmettent en silence, de père en fils, de mère en fille.

Le Japon a fait du karaté un produit mondial. Okinawa en est la mémoire. Sans Okinawa, il n’y aurait pas eu de karaté. Sans le Japon, il n’y aurait peut-être pas eu de karaté dans les écoles du monde entier.

Un hommage à Okinawa

Quand vous faites un « zenkutsu-dachi » (la stance avant), vous ne faites pas un mouvement japonais. Vous reproduisez une posture développée par un paysan okinawais qui devait se défendre contre des soldats armés. Quand vous faites un « giyaku-zuki » (coup de poing en rotation), vous utilisez une technique inventée pour frapper un agresseur sans vous exposer.

Le karaté n’est pas une invention du Japon. C’est un héritage d’Okinawa. Et si vous voulez comprendre ce qu’est vraiment le karaté, vous devez aller là-bas. Pas à Tokyo. Pas à Paris. À Okinawa.

Le karaté vient-il du Japon ?

Non, le karaté ne vient pas du Japon. Il a été développé sur l’île d’Okinawa, qui était alors le royaume indépendant de Ryūkyū. Le Japon a annexé Okinawa en 1879, puis a pris l’art, l’a modifié, l’a nommé « karaté » et l’a diffusé dans le monde entier comme un art japonais. Mais ses racines, ses techniques et ses philosophies sont entièrement okinawaises.

Pourquoi le karaté est-il souvent associé au Japon ?

Parce que c’est au Japon que le karaté a été systématisé, organisé et exporté. Gichin Funakoshi, un enseignant okinawais, a présenté l’art au Japon en 1917 et a changé son nom pour le rendre plus acceptable. Les écoles japonaises ont créé des ceintures, des compétitions et des programmes standardisés. Le Japon a fait du karaté un sport mondial - mais il n’en est pas l’inventeur.

Quelle est la différence entre karaté okinawais et karaté japonais ?

Le karaté okinawais est plus ancien, plus combatif et moins sportif. Il se pratique souvent sans uniforme, sans compétition, et met l’accent sur les kata traditionnels, la respiration et la défense réelle. Le karaté japonais est plus structuré, avec des règles, des ceintures, des tournois et des techniques optimisées pour le combat sportif. Les deux sont légitimes, mais ils ont des objectifs différents.

Quels sont les styles de karaté les plus anciens ?

Les styles les plus anciens sont nés à Okinawa : Shōrin-ryū, Gojū-ryū et Uechi-ryū. Shōrin-ryū vient de Shuri, la capitale du royaume. Gojū-ryū, fondé par Chōjun Miyagi, combine souffle et force. Uechi-ryū a été développé par Kanbun Uechi après des années d’étude en Chine. Tous ces styles sont encore pratiqués aujourd’hui, principalement à Okinawa.

Pourquoi Okinawa n’est-elle pas souvent citée comme pays d’origine du karaté ?

Parce que l’histoire a été réécrite. Après l’annexion par le Japon, les autorités ont voulu intégrer Okinawa à la culture japonaise. Les maîtres okinawais ont été poussés à adopter des noms japonais, à enseigner en japonais, et à cacher leurs racines chinoises et locales. Le monde a appris le karaté à travers les écoles japonaises, et la vérité a été effacée pendant des décennies. Aujourd’hui, les chercheurs et les pratiquants authentiques rétablissent cette histoire.

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11 Commentaires

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    romain scaturro

    décembre 4, 2025 AT 05:40

    Ok mais bon, c’est pas parce que c’est né à Okinawa que le Japon n’a pas fait du karaté une discipline mondiale. Vous voulez que tout soit attribué aux petits peuples, mais sans le Japon, personne ne saurait même ce que c’est. C’est comme dire que la pizza vient de Naples donc les Américains n’ont rien à voir avec elle. C’est n’importe quoi.

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    Postcrossing Girl

    décembre 5, 2025 AT 11:41

    Merci pour ce texte si bien écrit. J’ai appris tant de choses. J’ai même envie de voyager à Okinawa un jour pour voir ces dojo secrets. ❤️

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    James Gibson

    décembre 6, 2025 AT 19:28

    La distinction entre l’origine culturelle et la diffusion institutionnelle est cruciale ici. Le karaté, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui dans les écoles occidentales, est indéniablement le produit d’une recontextualisation japonaise. Mais reconnaître l’origine okinawaise ne dévalorise pas l’apport japonais - il le complète. Ce n’est pas un conflit, c’est une histoire en deux actes.

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    Thierry Brunet

    décembre 7, 2025 AT 11:04

    Je vois que vous parlez de l’histoire mais vous oubliez que les Japonais ont fait du karaté une discipline scientifique avec des études sur la biomécanique et la psychologie du combat. Les Okinawais c’étaient des paysans qui frappaient avec des outils. Le Japon a transformé ça en art. Vous voulez tout réécrire pour faire plaisir à la mode du décolonialisme mais la vérité c’est que la civilisation avance par l’organisation pas par la nostalgie

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    James Perks

    décembre 8, 2025 AT 05:44

    Le Japon a pris ce qu’il voulait et l’a vendu comme son propre. C’est ce qu’ils font depuis des siècles. La Corée, la Chine, l’Inde… ils prennent, ils rebrandent, ils brevetent. Le karaté est juste un autre exemple de ce qu’ils appellent ‘soft power’ mais qui est en réalité du vol culturel. Et vous savez quoi ? Ils s’en fichent. Ils ont gagné.

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    david rose

    décembre 9, 2025 AT 19:09

    Vous êtes naïfs. Okinawa c’est du Japon. Depuis 1879. Et vous voulez que je respecte une identité qui n’existe plus ? Le Japon a intégré Okinawa, ses gens, sa langue, sa culture. Le karaté est japonais parce que le Japon l’a rendu vivant. Sinon c’est juste un musée de vieux trucs. La culture ne vit que si elle est transmise par l’État. Et l’État c’est le Japon.

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    Cyril Payen

    décembre 11, 2025 AT 15:25

    Il est essentiel de distinguer l’origine ethnique et géographique d’un art de sa diffusion institutionnelle. Le terme « karaté » - littéralement « main vide » - a été adopté par Gichin Funakoshi pour des raisons philosophiques et politiques. Mais la technique, les kata, les principes de respiration et de déplacement sont indiscutablement issus du système de combat d’Okinawa. La réécriture historique n’est pas une révision : c’est une appropriation. Il convient donc de nommer les choses avec précision : karaté okinawais, karaté japonais, karaté sportif. Chaque terme est légitime, mais ne doit pas effacer l’autre.

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    Philippe Dumond

    décembre 12, 2025 AT 18:13

    je suis allé a okinawa l’année dernière et j’ai rencontré un vieux maître qui avait 87 ans et il m’a montré un kata qu’il avait appris de son grand père en 1940. il a dit : ‘ici on ne fait pas du karaté pour les tournois, on le fait pour ne pas mourir’. j’ai pleuré. merci pour ce post

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    Jean-Baptiste Alayrac

    décembre 13, 2025 AT 08:27

    Je suis prof de karaté dans un club en Normandie. J’ai longtemps enseigné le style Shotokan comme tout le monde. Puis j’ai rencontré un maître d’Okinawa en 2019. Depuis, je réadapte tout. Je n’enseigne plus les ceintures comme des niveaux de compétition, mais comme des étapes de compréhension. Je n’ai plus de compétitions. Je n’ai plus d’uniformes. Je n’ai plus de chronomètres. Et mes élèves… ils sont plus calmes, plus présents. Le vrai karaté, c’est pas du sport. C’est de la survie. Et ça, le Japon l’a perdu.

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    Francoise R.

    décembre 13, 2025 AT 09:38

    Le karaté n’est pas un objet à posséder. C’est un héritage à partager. Okinawa a donné. Le Japon a diffusé. Nous, on doit apprendre à écouter les deux.

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    Fleur Prince

    décembre 15, 2025 AT 04:00

    Attention, vous oubliez que le ryūkyū était un vassal de la Chine avant d’être annexé par le Japon. Donc le karaté vient en fait de Chine, via Okinawa, puis a été détourné par les Japonais. Donc la vraie origine c’est la Chine. Et si vous voulez être honnête, le Japon n’est qu’un intermédiaire culturel de second ordre. Et les Okinawais ? Ils étaient juste un pont. La vraie sagesse, c’est la chinoise. Les kata viennent des moines de Shaolin. Point final.

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