Je ne suis pas un combattant. Je n’ai jamais gagné de compétition nationale. Je ne porte pas de ceinture noire depuis dix ans, et pourtant, chaque matin, avant même de boire mon café, je fais mes katas. Pas parce que je dois. Mais parce que j’ai besoin.
Le karaté n’est pas une mode, c’est un rituel
Quand j’ai commencé, à 22 ans, je pensais que c’était juste pour me défendre. J’avais vu des films, je voulais être fort. Ce n’était pas ça. Le premier mois, j’ai sué, j’ai mal aux jambes, j’ai été humilié par un ado de 15 ans qui m’a fait tomber avec un simple bloc. J’ai failli arrêter. Mais je suis revenu. Pas pour gagner. Pour comprendre.
Le karaté, c’est ce moment où tu arrêtes de penser à ce que les autres voient. Tu ne regardes plus ton reflet dans le miroir de la salle. Tu ne te demandes plus si tu as l’air bien. Tu es juste là, avec ta respiration, ton poids, ton équilibre. Et peu à peu, tu commences à sentir ce que le corps sait avant que l’esprit ne comprenne.
La discipline n’est pas une contrainte, c’est une libération
On croit que la discipline, c’est se forcer à faire ce qu’on n’aime pas. C’est l’inverse. Le karaté m’a appris que la vraie discipline, c’est choisir chaque jour de revenir, même quand tu n’en as pas envie. Même quand tu es fatigué. Même quand tu as eu une mauvaise journée au travail.
Chaque séance, c’est un petit acte de liberté. Tu décides de ne pas fuir. Tu décides de ne pas te plaindre. Tu décides de te tenir droit, même quand tout en toi veut s’effondrer. Et cette force-là, elle ne reste pas dans la salle. Elle te suit dans la file d’attente au supermarché, dans les embouteillages, dans les conversations difficiles.
Le respect, c’est la première technique
Avant même le premier coup de poing, on apprend à saluer. À regarder l’autre dans les yeux. À s’incliner. Pas parce que c’est une règle. Parce que c’est la base de tout ce qui vient après.
J’ai appris à respecter les plus jeunes, parce qu’ils n’ont pas peur de tomber. J’ai appris à respecter les plus vieux, parce qu’ils ne se justifient pas. J’ai appris à respecter l’adversaire, même quand il me bat. Parce qu’il m’a montré une faille que je ne voyais pas.
Le karaté ne te rend pas plus fort que les autres. Il te rend plus conscient de ce que tu es, et de ce que tu peux devenir.
Le corps parle, même quand la bouche se tait
Il y a trois ans, j’ai eu un accident de voiture. Pas grave, mais assez pour que je passe trois mois sans pouvoir bouger la jambe droite. Les médecins disaient : « Reprends doucement. »
Je suis revenu au dojo avec une canne. Personne ne m’a dit de faire des exercices spéciaux. Personne ne m’a regardé avec pitié. Un vieux professeur m’a juste tendu un coussin. « Fais les katas assis. »
J’ai appris à bouger avec ce que j’avais. Pas avec ce que j’avais perdu. Ce n’était plus du karaté technique. C’était du karaté vrai. Le corps ne ment pas. Il ne cherche pas à impressionner. Il dit la vérité. Et cette vérité, elle m’a guéri plus que n’importe quel médicament.
Le karaté ne te rend pas invincible - mais il te rend indestructible
Je ne me bats pas dans la rue. Je n’ai jamais eu besoin de me défendre. Mais j’ai appris à ne plus avoir peur. Pas de la violence. De la peur elle-même. De cette voix intérieure qui murmure : « Tu n’es pas assez. »
Le karaté ne te donne pas de superpouvoirs. Il te donne un espace. Un endroit où tu peux être faible, sans honte. Où tu peux échouer, sans te détruire. Où tu peux recommencer, sans explication.
Chaque fois que je m’entraîne, je me rappelle : je ne suis pas en train de préparer un combat. Je suis en train de préparer ma vie.
Les katas, c’est la mémoire du corps
Il y a un kata que j’aime particulièrement : Heian Shodan. Il est simple. Quatre mouvements de base. Mais chaque fois que je le fais, je le sens différemment. Parce que mon corps se souvient.
Il se souvient des nuits où je pleurais après l’entraînement. Des jours où j’ai failli abandonner. Des sourires de mes camarades quand j’ai réussi un coup que je n’arrivais pas à faire depuis des mois.
Le karaté ne s’enseigne pas seulement avec des mots. Il s’enseigne avec le corps. Et chaque mouvement, c’est une histoire. Une histoire que tu ne racontes pas. Mais que tu portes.
Le karaté, c’est ce que je garde quand tout le reste s’efface
Je ne sais pas ce que je serai dans dix ans. Peut-être que je n’aurai plus de dojo près de chez moi. Peut-être que je n’aurai plus la force de me lever tôt. Mais je sais une chose : ce que j’ai appris là-bas, je l’emporterai partout.
La patience. La présence. Le silence dans l’action. La force calme.
Le karaté ne m’a pas appris à frapper. Il m’a appris à rester. À ne pas fuir. À ne pas me cacher. À être là, pleinement, même quand tout semble trop lourd.
C’est pour ça que j’aime le karaté. Pas parce qu’il est violent. Mais parce qu’il est vrai.
Le karaté est-il dangereux pour les débutants ?
Non, pas si on suit les règles de base. Les dojo sérieux commencent par le contrôle, pas la puissance. Les chutes, les blocs et les mouvements sont appris progressivement, avec des partenaires encadrés. La plupart des blessures viennent de la précipitation, pas du karaté lui-même. Ce qui compte, c’est la patience, pas la force.
Faut-il être en bonne forme pour commencer le karaté ?
Aucunement. Le karaté s’adapte à toi, pas l’inverse. Beaucoup de gens commencent avec des douleurs au dos, des genoux fragiles, ou une respiration courte. Ce n’est pas un problème. Les professeurs expérimentés ajustent les exercices. Ce qui compte, c’est la régularité, pas la performance. Tu deviens plus fort en pratiquant, pas avant.
Le karaté peut-il aider contre l’anxiété ?
Oui. Des études menées à l’université de Tokyo montrent que la pratique régulière de karaté réduit les niveaux de cortisol, l’hormone du stress, chez les adultes. Mais ce n’est pas seulement scientifique : c’est pratique. Quand tu te concentres sur ta respiration pendant un kata, tu ne peux pas penser à tes inquiétudes. Tu es obligé d’être présent. Et ce moment de calme, il devient de plus en plus facile à retrouver dans la vie quotidienne.
Est-ce que le karaté est fait pour les femmes ?
Le karaté est l’un des rares arts martiaux où la force physique n’est pas le facteur décisif. La technique, la vitesse, la précision - ce sont les clés. Beaucoup de femmes pratiquent depuis des décennies, et certaines sont les meilleurs enseignants dans les dojo. Le karaté ne demande pas de musculation, mais de la conscience. Et ça, tout le monde peut l’apprendre.
À quel âge peut-on commencer le karaté ?
Il n’y a pas d’âge limite. Des enfants de 5 ans apprennent les bases avec des jeux. Des personnes de 70 ans font des katas assises. Ce qui compte, c’est la capacité à se concentrer, pas l’âge. Beaucoup de gens commencent après un divorce, une perte, une maladie. Le karaté n’attend pas. Il accueille.