Quand vous entrez dans une salle de karaté pour la première fois, vous voyez des gens vêtus de blanc, simples, sans logos, avec des ceintures de couleurs différentes. Vous vous demandez : comment s'appelle l'habit de karaté ? La réponse simple, c’est le gi. Mais ce mot cache une histoire plus riche que vous ne le pensez.
Le gi : le vrai nom de l'habit de karaté
Le mot gi (着) vient du japonais et signifie simplement « vêtement ». Dans le contexte des arts martiaux, il désigne l’uniforme complet : la veste, le pantalon et la ceinture. On l’appelle aussi parfois karategi pour le distinguer des autres gi, comme le judogi ou le aikidogi. Mais dans la plupart des dojos, on dit simplement gi.
Contrairement à ce que beaucoup croient, ce n’est pas un kimono. Le kimono est une tenue traditionnelle japonaise portée au quotidien, avec des manches larges et une ceinture appelée obi. Le gi, lui, est conçu pour résister à des mouvements violents : tirer, saisir, tomber, frapper. Il est plus épais, plus robuste, et coupé différemment.
Pourquoi le gi est-il blanc ?
Le blanc n’est pas un choix esthétique. C’est une tradition issue du fondateur du karaté moderne, Gichin Funakoshi. En 1922, quand il a présenté le karaté au Japon, il voulait montrer que cette pratique n’était pas une forme de violence, mais un chemin de purification. Le blanc symbolise la pureté de l’intention, l’humilité, et l’absence de statut social. Pas de couleurs, pas de décorations - seulement l’effort.
Avant ça, les pratiquants portaient des vêtements de tous les jours : pantalons larges, chemises en coton, parfois même des vêtements de travail. Le gi blanc a été adopté pour créer une égalité entre tous : riche ou pauvre, étudiant ou ouvrier, tout le monde porte la même tenue.
Différence entre judogi et karategi
Vous avez peut-être vu un judoïste en gi et pensé que c’était la même chose. Ce n’est pas le cas. Même si les deux sont en coton et blanc, ils sont faits pour des usages très différents.
- Le judogi est plus lourd (entre 300 et 700 grammes), avec des manches et des jambes plus larges pour permettre de saisir et de projeter. Il est conçu pour résister aux prises au sol et aux chutes.
- Le karategi est plus léger (entre 200 et 350 grammes), avec des manches et des jambes plus étroites. Il permet une liberté de mouvement maximale pour les coups de poing, les kicks et les blocs rapides. La veste est plus courte pour ne pas gêner les déplacements.
Si vous portez un judogi en karaté, vous allez vous sentir ralenti. Si vous portez un karategi en judo, il risque de se déchirer au premier lancer. Chaque gi est optimisé pour son art.
Les différents types de karategi
Il n’y a pas qu’un seul type de gi. Selon votre niveau, votre style de karaté et vos objectifs, vous en trouverez plusieurs :
- Le gi léger (200-250 g) : idéal pour les débutants, les enfants ou les compétitions de kata. Il est souple, facile à entretenir, et ne fatigue pas.
- Le gi standard (250-350 g) : le plus répandu. Il convient à la plupart des pratiquants, que ce soit pour le kumite ou le kata. Il résiste bien aux lavages fréquents.
- Le gi lourd (350-500 g) : utilisé par les compétiteurs de kumite expérimentés. Il est plus rigide, ce qui rend les prises plus difficiles, mais il offre plus de protection.
- Le gi en tissu technique : certains modèles modernes utilisent des mélanges coton-polyester pour sécher plus vite. Très populaire dans les pays chauds, mais moins traditionnel.
Les clubs de karaté Shotokan, Goju-Ryu ou Wado-Ryu ont souvent des préférences. Par exemple, les Shotokan aiment les gi plus larges pour les mouvements larges et puissants. Les Goju-Ryu préfèrent des gi plus serrés pour les techniques de saisie et de blocage.
Comment bien choisir son gi ?
Choisir un gi, ce n’est pas juste acheter une tenue. C’est investir dans votre pratique.
- Regardez la taille : le gi doit être ample, mais pas trop. Les manches doivent arriver à la base du pouce quand vos bras sont tendus. Le pantalon doit couvrir les chevilles sans traîner.
- Privilégiez le coton pur : il est plus respirant, plus durable, et se lave mieux que les mélanges synthétiques. Même si ça prend plus de temps à sécher, c’est plus sain pour la peau.
- Évitez les gi trop bon marché : un gi à 20 € va se déchirer après 3 mois. Un bon gi coûte entre 40 et 80 €. Il dure des années si vous le lavez à froid et que vous le faites sécher à l’air libre.
- Ne choisissez pas un gi avec logo : dans la plupart des dojos traditionnels, les logos sont interdits. Ce n’est pas une question de mode, mais de respect de la discipline.
Entretien du gi : comment le garder propre et durable ?
Un gi mal entretenu pue, se déforme, et devient un terrain de bactéries. Voici comment le garder comme neuf :
- Lavez-le après chaque séance, même si vous n’avez pas transpiré. La sueur abîme le tissu.
- Utilisez de l’eau froide ou tiède. L’eau chaude fait rétrécir le gi et le rend rigide.
- Ne mettez jamais le gi au sèche-linge. Il se rétrécit, se déchire, et perd sa forme.
- Séchez-le à l’air libre, à l’ombre. Le soleil direct blanchit le tissu, mais le fragilise.
- Ne lavez pas le gi avec des vêtements colorés. Le blanc peut se teinter.
Un gi bien entretenu peut durer 5 à 10 ans. Certains maîtres ont encore leur premier gi, porté depuis plus de 20 ans. Ce n’est pas un vêtement. C’est un compagnon.
La ceinture : plus qu’un accessoire
La ceinture (obi) n’est pas juste pour tenir le gi. Elle représente votre progression. Du blanc au noir, chaque couleur correspond à un niveau. Mais ce n’est pas une course. Certains pratiquants passent des années à la même ceinture. Ce qui compte, c’est ce que vous apprenez, pas la couleur.
La ceinture noire ne signifie pas que vous savez tout. Elle signifie que vous avez compris que vous ne savez rien. Et c’est là que commence vraiment le karaté.
Et les autres arts martiaux ?
Le gi n’est pas unique au karaté. Le taekwondo utilise un uniforme plus fin, souvent avec une fermeture éclair. Le kung fu porte souvent des pantalons larges et des vestes courtes. Le aikido utilise un gi plus proche du judogi, mais plus souple.
Chaque art a sa propre tenue, adaptée à ses mouvements, son histoire, sa philosophie. Le gi du karaté est ce qu’il est parce que le karaté est ce qu’il est : une discipline de précision, de rapidité, et de respect.
Quand changer de gi ?
Vous n’avez pas besoin d’en acheter un nouveau à chaque promotion. Mais voici les signes qu’il est temps :
- Des trous aux coudes ou aux genoux
- Le tissu est devenu fin comme du papier
- La veste ne ferme plus bien
- Le gi sent même après le lavage
- Il vous gêne pendant les mouvements
Si vous avez atteint la ceinture noire, vous méritez un bon gi. Pas un chère, mais un solide. C’est votre outil de travail. Traitez-le comme tel.
Le gi : plus qu’un vêtement
Le gi n’est pas une simple tenue de sport. C’est un symbole. Quand vous le mettez, vous quittez votre vie quotidienne. Vous devenez un pratiquant. Vous vous engagez à être présent, humble, et respectueux.
Il ne s’agit pas de paraître. Il s’agit de devenir. Chaque pli, chaque tache, chaque rétrécissement après un lavage, raconte une histoire. Celle de vos efforts, de vos chutes, de vos progrès.
Alors, quand on vous demande comment s'appelle l'habit de karaté ?, vous pouvez répondre : c’est un gi. Mais vous savez maintenant qu’il est bien plus que ça.