Le karaté a fait son entrée aux Jeux Olympiques à Tokyo 2020, mais il n’est plus au programme pour Paris 2024 ni pour Los Angeles 2028. Ce n’est pas une erreur, ni une décision arbitraire : c’est le résultat d’un processus rigoureux mis en place par le CIO pour maintenir la rélevance et la diversité des sports olympiques. La question que se posent beaucoup de fans : quel sport a remplacé le karaté ? La réponse est simple : le breakdance.
Le karaté, une entrée éphémère
Le karaté a été ajouté à Tokyo 2020 comme sport invité, dans le cadre d’une initiative du CIO visant à attirer un public plus jeune et à s’adapter aux cultures locales. Le Japon, pays d’origine du karaté, a poussé pour son inclusion. Et ça a marché : des milliers de spectateurs ont rempli les tribunes, les médias ont couvert les compétitions en direct, et des athlètes comme Sandra Sánchez ont connu une notoriété mondiale.
Pourtant, le karaté n’a pas été retenu pour Paris 2024. Pourquoi ? Parce que le CIO limite le nombre total de sports à 32 pour chaque édition. Chaque sport doit justifier sa place non seulement par sa popularité, mais aussi par sa capacité à attirer un public jeune, à être facilement diffusé, et à ne pas coûter trop cher à organiser. Le karaté, malgré son succès à Tokyo, n’a pas réussi à convaincre les décideurs de son intégration permanente.
Le breakdance, le nouveau venu
Le sport qui a pris la place du karaté dans le programme olympique pour Los Angeles 2028, c’est le breakdance, aussi appelé breaking. Ce n’est pas une blague. Le breakdance est officiellement reconnu par le CIO depuis 2021 et a été testé aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Lausanne en 2020. Il a été choisi pour son énergie, sa visibilité médiatique, et son lien fort avec les jeunes générations.
Le breaking se déroule sur des surfaces plates, sans équipement coûteux, et peut être organisé dans n’importe quelle ville. Les compétitions se font en duel : deux danseurs s’affrontent sur des morceaux de musique, en improvisant des figures acrobatiques, des mouvements de sol, des poses et des transitions. Un jury évalue la technique, la créativité, la musicalité, la présence et l’originalité.
En 2024, le breakdance a été démontré lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse à Dakar, et les retours ont été excellents. Les organisateurs de Los Angeles 2028 ont voulu faire de ce sport un symbole de l’identité californienne : urbaine, libre, innovante. Le breakdance n’est pas un sport traditionnel, mais il répond parfaitement aux critères modernes du CIO.
Comment le CIO choisit les sports
Le processus de sélection n’est pas opaque. Le CIO utilise un système de notation basé sur cinq critères principaux :
- Popularité mondiale : le sport doit être pratiqué dans au moins 75 pays sur 4 continents pour les hommes, et 40 pays sur 3 continents pour les femmes.
- Jeunesse : le sport doit attirer les 15-34 ans. Le karaté a un public plus âgé que le breakdance.
- Coût d’organisation : moins d’infrastructures, moins de frais logistiques. Le breakdance n’a besoin que d’une surface plane et d’un système sonore.
- Équité genre : le sport doit offrir des épreuves équilibrées entre hommes et femmes. Le breakdance a exactement le même nombre d’athlètes dans chaque catégorie.
- Intégrité et gouvernance : la fédération internationale doit être transparente, indépendante, et respecter les normes antidopage.
Le karaté a eu des points faibles sur deux critères : la jeunesse et le coût. Les tournois internationaux nécessitent des tatamis, des équipements spécifiques, et des juges formés. Le breakdance, lui, peut être organisé dans une rue, un parc, ou un gymnase avec peu de préparation.
Les réactions des communautés
La décision a suscité des réactions vives. Les fédérations de karaté, notamment la World Karate Federation (WKF), ont déclaré qu’elles allaient continuer à militer pour une réintégration en 2032. Elles soulignent que le karaté est pratiqué par plus de 100 millions de personnes dans le monde, selon les chiffres de la WKF, et qu’il a une histoire culturelle profonde.
Les breakdancers, eux, sont euphoriques. En France, des clubs comme Breakin’ Lyon ou Paris B-Boys ont vu leur effectif doubler en 2024. Des écoles publiques ont commencé à intégrer le breakdance dans leurs programmes d’éducation physique. Des jeunes de banlieue, qui ne s’intéressaient jamais aux Jeux Olympiques, suivent désormais les compétitions avec passion.
Le karaté n’a pas disparu. Il continue d’être pratiqué dans les dojos du monde entier, y compris en France, où il reste l’un des arts martiaux les plus populaires. Mais aux Jeux Olympiques, il a été remplacé - pas parce qu’il est moins valable, mais parce que le sport olympique évolue.
Et après Los Angeles 2028 ?
Le CIO a annoncé qu’il réévaluera le programme olympique après 2028. Le breakdance pourrait être conservé, ou remplacé par un autre sport. Les candidats potentiels pour 2032 incluent le sport climbing (déjà présent à Tokyo et Paris), le flag football (une version simplifiée du football américain), et le squash.
Le karaté pourrait revenir, mais il faudrait qu’il change. Il devrait proposer des formats plus courts, plus dynamiques, plus adaptés à la télévision et aux réseaux sociaux. Des propositions existent déjà : des combats de 90 secondes, des épreuves de kumite en équipe, ou des démonstrations de kata avec des effets visuels numériques.
Le sport olympique n’est pas un musée. Il est vivant. Il change avec les générations. Le karaté a eu son moment. Le breakdance a le sien. Et demain, un autre sport prendra sa place.
Le karaté n’est pas mort - il attend
Ne confondez pas l’exclusion des Jeux Olympiques avec la disparition du sport. Le karaté est toujours pratiqué dans plus de 150 pays. En France, il y a plus de 200 000 licenciés. Les championnats du monde de la WKF attirent encore des milliers de spectateurs. Les enfants apprennent encore les katas dans les salles de sport de Lyon, Marseille ou Lille.
Le karaté n’a pas perdu sa valeur. Il a simplement perdu sa place sur le plus grand podium du monde. Mais il n’est pas fini. Il attend. Et peut-être, un jour, reviendra-t-il - avec une nouvelle forme, une nouvelle énergie, et une nouvelle génération prête à le porter.