On parle souvent de karaté ou de judo comme si c’étaient les seuls arts martiaux au monde. Pourtant, il en existe des dizaines, chacun avec sa propre histoire, ses techniques et sa philosophie. Si vous avez déjà entendu parler des 18 arts martiaux, vous vous êtes peut-être demandé : lesquels comptent vraiment ? Et pourquoi 18 ? Ce nombre n’est pas tiré au hasard - il vient d’une classification historique utilisée dans certains systèmes chinois et japonais pour regrouper les styles les plus influents. Mais aujourd’hui, ce chiffre sert surtout à explorer la richesse incroyable des combats traditionnels à travers la planète.
Les arts martiaux d’Asie : le cœur du mouvement
La plupart des arts martiaux connus viennent d’Asie, où ils ont été développés pendant des siècles comme moyens de survie, de discipline spirituelle ou de service militaire. Le kung fu, par exemple, n’est pas un seul art, mais une famille de plus de 400 styles en Chine. Parmi les plus répandus, on trouve le Shaolin, le Tai Chi, le Wing Chun et le Baguazhang. Chacun a ses propres mouvements, ses principes et ses applications. Le Tai Chi, souvent vu comme lent et doux, est en réalité un art martial profondément efficace, utilisé pour contrôler l’énergie et déséquilibrer un adversaire sans force brute.
Le karaté, originaire d’Okinawa, a été importé au Japon au début du XXe siècle. Il se distingue par ses frappes directes, ses blocages rapides et son emphasis sur la précision. Le judo, lui, a été créé par Jigoro Kano en 1882. Il ne s’agit pas seulement de lancer son adversaire - c’est un système de contrôle par la prise, la projection et la soumission. Le judo est même devenu un sport olympique en 1964.
Le taekwondo, venu de Corée, est connu pour ses coups de pieds aériens et rapides. Il a été standardisé après la Seconde Guerre mondiale, et aujourd’hui, c’est l’un des arts martiaux les plus pratiqués dans le monde, surtout chez les jeunes. Son style est spectaculaire, mais derrière chaque coup de pied, il y a des années d’entraînement pour maîtriser l’équilibre et la puissance.
Les arts martiaux japonais : discipline et efficacité
Le aïkido est souvent mal compris. Contrairement à d’autres arts, il ne cherche pas à contrer la force par la force, mais à utiliser le mouvement de l’attaquant pour le déséquilibrer. C’est un art de la redirection, où la paix et la non-violence sont au cœur de la pratique. Il a été fondé par Morihei Ueshiba dans les années 1940, et il attire encore aujourd’hui des pratiquants cherchant une approche plus méditative du combat.
Le kenjutsu et le kendo sont les deux faces d’une même monnaie : l’art du sabre. Le kenjutsu est l’ancien art martial des samouraïs, enseigné dans les écoles traditionnelles. Le kendo, lui, est sa version moderne, sportive, avec des armures et des règles. Les deux nécessitent une maîtrise du corps, de la respiration et de l’intention - pas seulement de la lame.
Le jujutsu est l’ancêtre du judo. Il inclut des techniques de frappe, de projection, d’étranglement et de désarmement. Beaucoup de styles modernes, comme le Brazilian Jiu-Jitsu, en sont directement issus. Le jujutsu était utilisé par les samouraïs pour se battre même désarmés - ce qui en fait l’un des arts martiaux les plus complets.
Les arts martiaux d’Asie du Sud-Est : puissance et fluidité
En Thaïlande, le muay thai est bien plus qu’un sport. C’est une tradition nationale, souvent appelée « l’art des huit membres » - parce qu’il utilise les poings, les coudes, les genoux et les pieds comme armes. Les combattants se préparent physiquement avec une intensité rare : ils frappent des sacs de sable, se font masser avec des herbes, et suivent des rituels avant chaque combat. Le muay thai est l’un des arts martiaux les plus efficaces pour le combat réel.
En Indonésie et en Malaisie, le silat est un art ancien et souvent caché. Il combine des mouvements de danse, des frappes rapides, des projections et des armes. Il est rarement vu en compétition, mais il est très répandu dans les villages. Certains styles de silat utilisent des couteaux, des bâtons ou même des chaînes - ce qui en fait l’un des arts les plus variés.
Le krav maga, bien qu’il soit souvent associé à Israël, a des racines dans les techniques de combat de rue et de défense militaire. Il n’a pas de forme traditionnelle ni de rituels. Son seul but : neutraliser une menace aussi vite que possible. C’est l’art martial le plus pragmatique qui existe - pas de katas, pas de ceintures, juste des techniques testées sur le terrain.
Les arts martiaux d’Occident : oubliés mais présents
On pense souvent que les arts martiaux viennent uniquement d’Asie. Pourtant, l’Europe a aussi ses propres traditions. Le boxe anglaise est un art martial à part entière. Elle a été codifiée au XVIIIe siècle avec les règles de Broughton, puis modernisée par le marquis de Queensberry. Elle exige une maîtrise du pied, de la distance et de la défense - pas seulement de la puissance.
Le savate, ou boxe française, est unique : il combine les coups de poing de la boxe anglaise avec des coups de pied précis et variés. Il a été développé dans les ports français au XIXe siècle, par des marins et des soldats. Aujourd’hui, c’est le seul art martial européen à être reconnu comme sport olympique.
Le escrima (ou arnis, ou kali) vient des Philippines. Il utilise des bâtons, des couteaux et même les mains nues pour combattre. Les techniques sont rapides, fluides, et basées sur des principes de répétition et de mémoire musculaire. Il est souvent appelé « l’art des armes », mais il comprend aussi des techniques de combat au corps à corps.
Les 18 arts martiaux : une liste complète et réelle
Voici une liste des 18 arts martiaux les plus reconnus dans le monde moderne, basée sur leur popularité, leur histoire et leur impact :
- Karate
- Judo
- Taekwondo
- Kung Fu (Wushu)
- Aïkido
- Kenjutsu
- Kendo
- Jujutsu
- Muay Thai
- Silat
- Krav Maga
- Boxe anglaise
- Savate
- Escrima (Arnis/Kali)
- Capoeira
- Tai Chi
- Baguazhang
- Xing Yi Quan
Cette liste inclut à la fois des arts sportifs, des systèmes militaires et des traditions spirituelles. Ce n’est pas une liste officielle, mais une synthèse des styles qui ont eu le plus d’impact sur la pratique mondiale. Certains, comme le capoeira, viennent du Brésil et ont été créés par des esclaves africains comme forme de résistance. Le Tai Chi, le Baguazhang et le Xing Yi Quan sont les trois grands styles internes du kung fu - ils se concentrent sur l’énergie interne, la respiration et la fluidité plutôt que sur la force.
Comment choisir son art martial ?
Ne choisissez pas un art parce qu’il est populaire. Choisissez-le selon ce que vous cherchez. Si vous voulez vous défendre en situation réelle, le krav maga ou le muay thai sont les meilleurs choix. Si vous voulez développer la discipline et la concentration, le judo ou l’aïkido sont idéaux. Si vous voulez vous détendre tout en apprenant à vous battre, le tai chi est parfait.
Regardez aussi l’enseignant. Un bon maître ne vous apprend pas seulement à frapper - il vous apprend à vous connaître. Une salle avec des élèves heureux, respectueux et en progression est un bon signe. Une salle où tout le monde se bat comme des fous, sans contrôle, n’est pas un art martial - c’est un club de boxe.
Les pièges à éviter
Beaucoup de gens se font avoir par des écoles qui promettent de vous transformer en « maître » en trois mois. Il n’existe pas de raccourci. Même les plus grands combattants ont passé des années à répéter les mêmes mouvements. Un art martial ne se mesure pas à la vitesse de votre ceinture, mais à la profondeur de votre compréhension.
Évitez aussi les styles qui ne pratiquent jamais le combat réel. Si un art ne permet jamais de sparring, de combat libre ou de simulation, il est plus proche d’une danse que d’un art martial. La technique sans application est comme une voiture sans moteur.
Le futur des arts martiaux
Aujourd’hui, les arts martiaux ne sont plus seulement des méthodes de combat. Ils sont devenus des outils de santé mentale, de résilience et de communauté. Des études montrent que la pratique régulière réduit le stress, améliore la concentration et augmente la confiance en soi. Des enfants en surpoids, des anciens combattants souffrant de PTSD, des femmes victimes de harcèlement - tous trouvent dans les arts martiaux un moyen de reprendre le contrôle de leur vie.
Le vrai pouvoir d’un art martial ne vient pas de la force de vos coups, mais de la paix que vous trouvez en vous-même en les pratiquant.
Quelle est la différence entre kung fu et taekwondo ?
Le kung fu est une famille d’arts martiaux chinois qui inclut des styles variés, souvent fluides et basés sur des mouvements circulaires. Le taekwondo, lui, est un art coréen qui se concentre sur les coups de pied rapides et aériens. Le kung fu utilise les mains, les pieds, les coudes et même les armes ; le taekwondo privilégie les jambes et les déplacements rapides.
Le krav maga est-il un vrai art martial ?
Oui, mais pas au sens traditionnel. Le krav maga n’a pas de katas, pas de ceintures, pas de rituels. C’est un système de défense personnelle créé pour les forces militaires israéliennes. Son seul objectif : mettre fin à une menace aussi vite que possible. Il est très efficace, mais il ne cherche pas à être un art - il veut être un outil.
Peut-on apprendre un art martial à 40 ans ?
Absolument. Beaucoup de pratiquants commencent après 35, voire 50 ans. Les arts comme le tai chi, l’aïkido ou le judo sont particulièrement adaptés aux adultes. Ce qui compte, ce n’est pas l’âge, mais la régularité. Un entraînement deux fois par semaine pendant deux ans vous donnera plus de résultats qu’un mois d’entraînement intense à 20 ans.
Quel art martial est le plus efficace pour la défense personnelle ?
Le muay thai et le krav maga sont les plus efficaces dans des situations réelles. Le muay thai vous apprend à frapper fort avec les poings, les coudes et les genoux. Le krav maga vous apprend à réagir face à des armes, à plusieurs agresseurs, ou dans des espaces restreints. Mais la meilleure défense, c’est d’éviter le conflit - c’est aussi ce que tous les arts martiaux enseignent.
Pourquoi le tai chi est-il considéré comme un art martial ?
Parce que ses mouvements, lents et doux, sont conçus pour détourner la force, déséquilibrer un adversaire et contrôler son énergie. Les anciens maîtres de tai chi pouvaient projeter des hommes plus grands et plus forts avec un simple déplacement. Ce n’est pas un exercice de gymnastique - c’est un art de combat subtil, basé sur la perception et la précision.
Que faire après avoir choisi votre art ?
Trouvez une école locale. Regardez les horaires, les prix, et surtout, observez les élèves. Sont-ils motivés ? Respectueux ? Ont-ils l’air en forme et en paix ? Parlez au professeur. Un bon enseignant vous posera des questions sur vos objectifs, pas seulement sur votre niveau.
Ne vous précipitez pas. Un art martial, c’est comme un langage : il faut du temps pour le parler vraiment. Commencez lentement. Soyez patient. Et surtout, n’oubliez pas : ce n’est pas pour devenir le plus fort. C’est pour devenir le plus calme.